TerroirSense Exclusive Interview with BIVB President Laurent Delaunay: The Burgundy Wine Industry Faces a US-EU Tariff Crisis

French Version:

Les États-Unis sont le premier marché d’exportation pour les vins de Bourgogne. En 2024, ils ont représenté 24 % des exportations. C’est aussi un marché historique, très ancien, et très favorable, car les Bourguignons sont présents aux États-Unis depuis plusieurs décennies, parfois depuis 50 ou même 80 ans. La plupart des exportateurs et producteurs bourguignons ont tissé des relations très étroites avec le marché américain. Plusieurs d’entre eux ont même des liens capitalistiques avec leurs importateurs aux États-Unis. Certains producteurs bourguignons sont eux-mêmes installés et produisent du vin aux États-Unis. Il s’agit donc d’une relation extrêmement étroite et imbriquée.

La nouvelle guerre commerciale qui s’ouvre au niveau mondial, avec les taxes annoncées par le président Trump avant-hier à hauteur de 20 % sur les vins français, est une situation grave et préoccupante. On sait déjà qu’on va perdre des parts de marché importantes aux États-Unis. Nous avons connu une situation similaire il y a cinq ans : entre 2019 et 2021, nous avons subi 25 % de taxes et perdu environ 25 % de notre chiffre d’affaires. Nous pensons donc que cette fois encore, nous pourrions perdre environ un quart de notre chiffre d’affaires sur ce marché.

C’est une situation qui impacte pratiquement tous les producteurs bourguignons, car la majorité d’entre eux exporte leurs vins vers les États-Unis. Ce qui m’inquiète au-delà de ça, c’est que je crains que ce ne soit le début d’une récession économique mondiale. On assiste à un véritable changement dans les conditions du commerce international, avec une nouvelle guerre commerciale, du protectionnisme mis en place par certains pays comme les États-Unis, la mise en œuvre de barrières tarifaires et de taxes à l’importation. Nous espérons que cette situation ne va pas se généraliser au reste du monde. Il existe encore des possibilités de négociation.

Pour nous, producteurs français, c’est l’Europe — la Commission européenne — qui est en charge de négocier avec les États-Unis.
Des négociations sont en cours actuellement. Ce que nous espérons réellement, c’est trouver des moyens de désescalade, de ramener tout le monde autour de la table des négociations, et d’avoir des discussions raisonnables.

Ce que les producteurs français demandent à la Commission européenne, c’est de proposer une suppression complète des taxes à l’importation en Europe pour les vins américains, en échange d’une suppression équivalente des taxes aux États-Unis sur les vins français et européens. Le principe du “zéro pour zéro” a déjà fonctionné dans le secteur des spiritueux depuis 30 ans entre l’Europe et les États-Unis. Cela a été très profitable, à la fois pour les producteurs français — comme ceux de cognac — et pour les producteurs américains de bourbon, qui ont su construire des marchés en Europe, tout comme les producteurs français de cognac ou d’armagnac ont su bâtir de solides marchés aux États-Unis.

On se rend bien compte que lorsque le commerce est encadré, mais libre de taxes, on peut bâtir une véritable coopération commerciale, bénéfique et profitable pour tous. Nous espérons pouvoir retrouver cette situation, mais pour l’instant, il faut faire face à une conjoncture du commerce mondial extrêmement perturbée.

English Version:

The United States is the leading export market for Burgundy wines. In 2024, it accounted for 24% of exports. It is also a historic and longstanding market, and a very favorable one, as Burgundy producers have been present in the U.S. for several decades — sometimes for 50 or even 80 years. Most Burgundy exporters and producers have built very close relationships with the American market. Several of them even have capital ties with their U.S. importers. Some Burgundy producers are themselves established and producing wine in the United States. This is therefore an extremely close and deeply intertwined relationship.

The new global trade war that is beginning, with the 20% tariffs on French wines announced by President Trump the day before yesterday, is a serious and troubling situation. We already know that we will lose significant market share in the U.S. We experienced a similar situation five years ago: between 2019 and 2021, we faced 25% tariffs and lost approximately 25% of our revenue. We therefore believe that this time again, we could lose about a quarter of our revenue in this market.

This situation affects almost all Burgundy producers, since the majority of them export their wines to the United States. What worries me even more is the fear that this could mark the beginning of a global economic recession. We are witnessing a real shift in the conditions of international trade, with a new trade war, protectionist measures introduced by countries like the United States, and the implementation of tariff barriers and import taxes. We hope this situation will not spread to the rest of the world. There are still opportunities for negotiation.

For us French producers, it is Europe — the European Commission — that is responsible for negotiating with the United States. Negotiations are currently underway. What we truly hope for is to find ways to de-escalate, to bring everyone back to the negotiating table, and to have reasonable discussions.

What French producers are asking of the European Commission is to propose a complete removal of import taxes in Europe on American wines, in exchange for a complete removal of tariffs in the United States on French and European wines. The “zero for zero” principle has already worked well in the spirits sector for the past 30 years between Europe and the United States.
It has been highly beneficial, both for French producers — such as those of cognac — and for American bourbon producers, who have successfully built markets in Europe, just as French producers of cognac or armagnac have built strong markets in the United States.

It is clear that when trade is regulated but tax-free, it is possible to build real commercial cooperation that is beneficial and profitable for everyone. We hope to return to that situation, but for now, we must deal with a very disrupted global trade environment.

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